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Indicateurs économiques (Novembre 2009 – Février 2010)

1 novembre 2009

Situation de l’économie coréenne depuis le début de l’année 2009

C’est un fait : l’économie coréenne est nettement en phase de reprise. Parmi les pays de l’OCDE, la Corée est un des premiers à se redresser : le PIB s’est stabilisé au 1er trimestre 2009 (+0,1%) et a nettement rebondi au second (+2,6%). Les exportations sont le moteur de ce redressement, avec 11% de progression entre le 1er et le 2e trimestre 2009. Couplée à la baisse des prix du pétrole, cette augmentation des volumes d’exportation permet au pays de dégager des excédents commerciaux record (27 milliards de dollars, 4% du PIB sur les huit premiers mois de 2009). Ceci entraîne une reprise de la production industrielle, dont les marchés extérieurs couvrent 60% de la demande qui leur est adressée (elle a retrouvé son niveau d’août 2008). Relativement peu affectée par la crise, la consommation des ménages reste stable, et les indicateurs de sentiment des ménages sont en forte hausse depuis le mois d’avril.

Les conséquences sur le marché de l’emploi paraissent limitées (3,7% de chômage fin juillet 2009 contre 3% en juillet 2008). Toutefois, une large partie de la population ne s’inscrivant pas sur les registres du chômage, le taux de chômage réel est estimé à près de 6% de la population active coréenne.

Les perspectives pour 2010 sont encore incertaines. Il est difficile d’estimer à quelle échéance la Corée pourra retrouver son rythme de croissance potentielle, estimée entre 4 et 4,5% par an. Plusieurs facteurs incitent en effet à une certaine prudence dans les prévisions :
• Les exportations progressent aujourd’hui moins vite qu’en début d’année et se stabilisent autour de 30 milliards de dollars par mois depuis le mois d’avril. De ce point de vue, la performance coréenne n’apparait pas supérieure à celle de ses concurrents de l’OCDE, malgré la dépréciation du won (-25% face au dollar depuis janvier 2008).
• La construction de logements demeure en crise, le stock de logements invendus est à son niveau le plus élevé depuis 10 ans (baisse de 33% du nombre de permis de construire par rapport à la même période en 2008).
• L’investissement productif devrait rester atone. L’utilisation des capacités de production de l’industrie coréenne demeure 15% en dessous de son niveau de 2008 (elle en utilisait 73% au deuxième trimestre 2009 contre 80 à 90% les années précédentes). L’investissement productif devrait donc rester faible dans ce contexte.
• Enfin, la dette financière des ménages reste forte dans ce pays, équivalente à une année de revenu disponible, ce qui contraint le crédit aux ménages. Il ne faudra donc pas compter sur la consommation intérieure pour être un moteur efficace de croissance.

Particulièrement affectée au plan financier par la crise de l’automne dernier, la situation financière extérieure s’est améliorée de manière spectaculaire. Le solde de la balance large des paiements (solde courant + solde IDE + solde investissements en portefeuille) s’est redressé de 95 milliards de dollars en l’espace de 10 mois. Il est à présent largement excédentaire. Reste à savoir si cette situation est durable. L’excédent commercial coréen est appelé à se tasser progressivement, à mesure de la reprise des importations, l’évolution du prix du pétrole est une variable déterminante, ainsi que les flux de placements en portefeuille (sur lesquels la Corée n’a que peu de prise). La situation est cependant incontestablement plus saine qu’en 2008.

Par Antoine Boulé
Mission économique de Séoul

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